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quinta-feira, março 09, 2006

Dois filmes célebres: "Triomphe de la volonté contre Octobre, un essai comparatif" 

Le Triomphe de la Volonté de Leni Riefenstahl et Octobre de Sergei Eisenstein sont tous deux des films de propagande de la plus grande envergure, à la fois en contenu et en exécution. Alors que Riefenstahl se concentre sur l’exploitation de l’imagerie même du national-socialisme, Eisenstein se concentre sur la recréation d’une étape cruciale de la lutte de classes soviétique. Les deux films tentent de manipuler la « Weltanschauung » politique des spectateurs en employant diverses techniques cinématiques innovatrices, comme des montages audacieux et des images hypnotisantes qui semblent toujours persister sur l’écran (par exemple les interminables parades nationale-socialistes dans le Triomphe de la Volonté). On doit comprendre, cependant, que le national-socialisme et le communisme étaient presque diamétralement à l’opposé sur le spectre politique de l’époque. Alors que le national-socialisme tentait de se concentrer sur l’amélioration de la race nordique, le communisme tentait d’embrasser toute l’humanité. Richard Taylor dit qu’il n’existe presque pas d’archives visuelles sur la Révolution d’Octobre. Les Soviétiques purent utiliser ce fait à leur avantage. Ils commencèrent à établir « une base de légitimité historique pour leur régime et l’absence de preuves documentaires adéquates donna aux réalisateurs soviétiques une occasion en or de recréer les réalités de l’histoire russe, et de les améliorer quelque peu » (Taylor 93). Cela, bien sûr, signifie que les Soviétiques ne firent rien de plus que glorifier la construction de leur Etat bolchevik. Ils purent faire cela parce qu’ils avaient le contrôle total des médias (c’était, après tout, un régime totalitaire).En employant un réalisateur aussi célèbre que Eisenstein, ils se donnèrent un double crédit : l’un pour avoir un tel génie créatif de leur coté, l’autre parce que Eisenstein (étant un grand artiste) fut capable de dépasser une simple dramatisation de l’événement. Comme le dit V. Pudovkin, « L’artiste soviétique doit sentir que sa création dépend constamment des besoins et des intérêts du peuple » (Pudovkin 51). Cela revient à dire que l’artiste doit satisfaire les besoins du peuple en lui faisant croire qu’il vit réellement dans le paradis des travailleurs. Bien sûr, Eisenstein était parfaitement conscient de cette intention lorsqu’il tourna Octobre, comme cela apparaît clairement quand on en voit la forme finement stylisée et le contenu.Il semble tout à fait évident que si Octobre est « un symbole de l’union de l’artiste avec son époque » (Zorkaya 69), le film est aussi un gros mensonge dans le sens où il ne représente pas ce qui se passa en réalité durant la Révolution d’Octobre. Au contraire, le film est une simple représentation de l’événement. Octobre est dédié au dixième anniversaire de la Révolution, se dégradant ainsi en un simple spectacle de célébration. Il est bien sûr destiné à la paysannerie russe, et à ce qu’elle était supposée avoir gagné dans la Révolution. Mais il est honnête de supposer que c’était l’idée derrière le film puisque, dans toute la réalité, la paysannerie fut le dernier groupe à gagner quelque chose dans la Révolution. Cela fait d’Octobre rien d’autre qu’un gros mensonge.D’un autre coté, quand on compare Octobre au Triomphe de la Volonté, il devient vite clair que ce dernier est supérieur au premier. Le Triomphe de la Volonté n’est pas une recréation d’événements réels, mais plutôt un documentaire (bien que plutôt de propagande) sur les événements eux-mêmes. Leni Riefenstahl fut chargée par Adolf Hitler lui-même de faire un documentaire sur le Congrès du Parti à Nuremberg (1934).D’après Robert Gardner (qui interviewa Riefenstahl), elle fut au début réticente à faire le film parce qu’« elle ne connaissait rien du Parti et de son organisation » (Hull 74). Riefenstahl insista aussi pour que le film soit financé par elle plutôt que par le Parti. Toutes les circonstances mentionnées ci-dessus sont de bonnes indications que le Triomphe de la Volonté est, du moins dans son essence, moins une œuvre de propagande que Octobre.Il est probablement vrai que le Triomphe de la Volonté est le film de propagande le plus impressionnant (et probablement le plus efficace) jamais produit. D’après Siegfried Kracauer, « Leni Riefenstahl fit un film qui non seulement illustre parfaitement le Congrès, mais réussit à exprimer toute sa signification. Les caméras scrutent sans cesse les visages, les uniformes, les armes et à nouveau les visages, et chacun de ces gros plans est une preuve de la perfection avec laquelle la métamorphose de la réalité a été accomplie » (Kracauer 301).Riefenstahl réussit certainement à montrer ce qu’était réellement le Congrès du Parti : de la pompe et de la splendeur, une sorte de faire-valoir pour les masses. Mais c’était la réalité du spectacle lui-même. On peut donc en déduire que Riefenstahl ne fit rien de plus qu’enregistrer l’atmosphère grandiloquente autour d’elle. Elle n’eut pas à l’embellir ou à compléter quelque chose par l’exagération, comme Eisenstein le fit certainement dans Octobre. La raison pour laquelle Riefenstahl ne fut pas « forcée » d’inventer son exposé de la gloire nationale-socialiste fut le fait qu’elle était en plein milieu de celle-ci, et non dans une recréation (comme Eisenstein lorsqu’il propageait la gloire communiste). Alors que Octobre est une adaptation infidèle d’un événement historique, le Triomphe de la Volonté peut être vu comme un simple enregistrement de l’histoire.Richard Taylor dit que le Triomphe de la Volonté est « en même temps un superbe exemple de cinéma documentaire et un chef d’œuvre de film de propagande » (Taylor 177). Cette déclaration résume les opinions divergentes sur le film. Si la plupart des critiques s’empressent de n’y voir rien d’autre qu’une pièce de propagande éhontée, certains disent que le film a une valeur en soi en tant que documentaire. Le fait qu’il n’y ait aucun commentaire en voix-off et aucune scène organisée spécialement pour le film devrait prouver que la seule propagande qu’on peut en tirer vient de son contenu. Mais il faut noter que Riefenstahl n’a pas créé le contenu puisqu’elle ne faisait que l’enregistrer. C’est la raison pour laquelle le Triomphe de la Volonté est sous-titré « Le document du Congrès du Parti du Reich, 1934 ».D’après Taylor, Leni Riefenstahl affirma dans une interview que « tout (dans le Triomphe de la Volonté) est réel. Et il n’y a pas de commentaire tendancieux pour la simple raison que le film n’a pas de commentaire du tout. C’est de l’histoire. Un film purement historique. » (Taylor 189). Cela n’est certainement pas vrai pour Octobre. Assez curieusement, d’après Taylor, « l’absence même de matériel documentaire (sur la Révolution d’Octobre) … a … signifié que les historiens et réalisateurs ultérieurs se sont tournés vers Octobre comme source documentaire, et que la recréation fictionnelle de la réalité par Eisenstein a acquis la légitimité d’un tournage documentaire » (Taylor 93). C’est vraiment ironique en effet, si l’on considère que le Triomphe de la Volonté est considéré comme un infâme film de propagande alors que, comme nous l’apprenons maintenant, Octobre a acquis le statut de « source documentaire ». On ne peut pas s’empêcher de se demander s’il ne faudrait pas faire l’inverse, considérant les circonstances dans lesquelles les deux films furent tournés.
Constantin von Hoffmeister
(in VOX NR)

1 Comentários
Comments:
Caro CN, eu publiquei esse ensaio depois de o traduzir para português no BF.
 
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