terça-feira, março 07, 2006
Syriana
Le thriller politique Syriana, de Stephen Gaghan, produit par George Clooney, est une œuvre non dépourvue d’ambiguïté malgré un emballage contestataire. Ainsi, la dénonciation de la dépendance US au pétrole s’accompagne d’une validation implicite des principes de la «guerre au terrorisme».
Le sujet du film est d’actualité: la lutte acharnée des États-Unis pour le contrôle des dernières ressources pétrolières. Pour ce projet, George Clooney s’est associé à Participant Productions, société créée par Jeff Skoll [le fondateur d’eBay] qui organise, par le biais du cinéma, de grandes campagnes d’action sociale. Chaque film coproduit par Participant tente de populariser un thème précis. Dans le cas de Syriana, la campagne, soutenue par les principales associations écologistes comme le National Resources Defense Council et le Sierra Club, est axée sur l’adoption d’une nouvelle politique énergétique. Leur objectif n’est pas de dénoncer les guerres de ressources, mais de protéger l’environnement en réduisant la dépendance des États-Unis au pétrole, ce qui dispensera de conduire des guerres au Proche-Orient et d’affronter des terroristes. Ce thème est si consensuel aux États-Unis qu’il a été repris par le président George W. Bush dans son discours sur l’état de l’Union du 31 janvier 2006. Rien d’étonnant donc à ce que le scénario de Syriana ait été nominé aux Oscars et que le film soit déjà un important succès financier.
Syriana est une œuvre ambiguë, tissée de contradictions. La mise en cause du système politique des États-Unis et de ses guerres du pétrole est certes positive pour un public états-unien désinformé et nourri aux slogans sur le «mode de vie non négociable» du pays, elle le sera de même pour tous les spectateurs occidentaux.
Mais que vont aller voir ces spectateurs? Un suspense exotique ou une œuvre politique? Que vont-ils retenir du récit? Il y a fort à parier que la grande majorité d’entre eux sera incapable de faire la part des choses. La stigmatisation des musulmans comme terroristes potentiels n’est-elle pas bien plus angoissante pour un public conditionné à la peur de l’autre que la dénonciation des exactions états-uniennes dans le monde? Quant à la corruption du système politique des États-Unis, il est notoire, et passe souvent pour une fatalité. Enfin, et ce point est particulièrement signifiant, la question du conflit israélo-palestinien est entièrement passée sous silence dans un film traitant pourtant des enjeux géopolitiques du Moyen-Orient…
Contestataire a première vue, Syriana est en fait, comme Farenheit 9/11, un film plus conformiste qu’il n’y paraît, exposant simplement les plans de rechange d’une partie de l’establishment yankee.
Pascal Royaux
Le sujet du film est d’actualité: la lutte acharnée des États-Unis pour le contrôle des dernières ressources pétrolières. Pour ce projet, George Clooney s’est associé à Participant Productions, société créée par Jeff Skoll [le fondateur d’eBay] qui organise, par le biais du cinéma, de grandes campagnes d’action sociale. Chaque film coproduit par Participant tente de populariser un thème précis. Dans le cas de Syriana, la campagne, soutenue par les principales associations écologistes comme le National Resources Defense Council et le Sierra Club, est axée sur l’adoption d’une nouvelle politique énergétique. Leur objectif n’est pas de dénoncer les guerres de ressources, mais de protéger l’environnement en réduisant la dépendance des États-Unis au pétrole, ce qui dispensera de conduire des guerres au Proche-Orient et d’affronter des terroristes. Ce thème est si consensuel aux États-Unis qu’il a été repris par le président George W. Bush dans son discours sur l’état de l’Union du 31 janvier 2006. Rien d’étonnant donc à ce que le scénario de Syriana ait été nominé aux Oscars et que le film soit déjà un important succès financier.
Syriana est une œuvre ambiguë, tissée de contradictions. La mise en cause du système politique des États-Unis et de ses guerres du pétrole est certes positive pour un public états-unien désinformé et nourri aux slogans sur le «mode de vie non négociable» du pays, elle le sera de même pour tous les spectateurs occidentaux.
Mais que vont aller voir ces spectateurs? Un suspense exotique ou une œuvre politique? Que vont-ils retenir du récit? Il y a fort à parier que la grande majorité d’entre eux sera incapable de faire la part des choses. La stigmatisation des musulmans comme terroristes potentiels n’est-elle pas bien plus angoissante pour un public conditionné à la peur de l’autre que la dénonciation des exactions états-uniennes dans le monde? Quant à la corruption du système politique des États-Unis, il est notoire, et passe souvent pour une fatalité. Enfin, et ce point est particulièrement signifiant, la question du conflit israélo-palestinien est entièrement passée sous silence dans un film traitant pourtant des enjeux géopolitiques du Moyen-Orient…
Contestataire a première vue, Syriana est en fait, comme Farenheit 9/11, un film plus conformiste qu’il n’y paraît, exposant simplement les plans de rechange d’une partie de l’establishment yankee.
Pascal Royaux
0 Comentários
Comments:
Enviar um comentário
Blog search directory