terça-feira, outubro 24, 2006
Sobre a sociologia política francesa
Pareceu-me oportuno partilhar com os leitores as reflexões de Christian Bouchet, na VOX NR, a propósito das análises feitas por Emmanuel Todd sobre as próximas presidenciais francesas. Um jogo político em que muito se pode aprender, para compreender o que se passa hoje na sociedade francesa - e quiçá na sociedade portuguesa.
Lire Todd
Il est communément admis qu’Emmanuel Todd a joué un rôle certain dans la victoire de Jacques Chirac aux présidentielles de 1995 en lui soufflant la fameuse idée de la «fracture sociale». L’approche de nouvelles élections a conduit divers journaux à interroger notre homme sur sa vision de la situation actuelle. Il a ainsi donné des entretiens au "Point" (24/08/2006 - 1), à "La Revue" (n° 4, septembre 2006) et au "Parisien" (13/09/2006 - 2) qui sont particulièrement éclairants sur la situation politique de notre pays, et qui mériteraient d’être très largement relayés dans tous les milieux de l’opposition extraparlementaire, tant ils sont porteurs de potentialités en terme de stratégie politique.
Pour Todd, la classe dirigeante dans son ensemble est profondément coupée de la société française ce qui l’entraîne à commettre des erreurs stratégiques graves comme à s’imaginer que Sarkozy et Royal représentent aux yeux des électeurs deux aspects du renouveau de la vie politique (3)…
Comme Bertrand Renouvin le résume dans son éditorial du n° 884 de "Royaliste", écrit après une lecture de l’entretien que Todd a accordé à "La Revue", «les oligarques croient que la France est un pays en déclin et que les Français finiront par consentir pour survivre, aux sacrifices qu’impose la mondialisation. Ils jugent le peuple français incapable de comprendre les enjeux économiques et financiers. Ils pensent que la population salariée continuera d’accepter des conditions de travail de plus en plus dures parce qu’elle n’a qu’un seul choix: la pauvreté dans le chômage ou l’emploi a bas prix. Ces impressions sont confortées par des observations justes sur les rapports de force: absence de parti révolutionnaire capable de rendre espoir aux contestataires, échec de l’altermondialisme, mollesse des directions syndicales… Les séismes de ces dernières années ne seraient donc que des accidents fâcheux (le Non au référendum ou le CPE) ou utiles (le vote Le Pen en 2002, les émeutes de novembre dernier) dans la mesure où ils entretiennent des peurs qui sont le commencement de la sagesse.»
Or il n’en est rien et Emmanuel Todd relève que le 21 avril 2002, le Non au référendum ou l’échec du CPE, constituent une série de faits marquants assimilables à un «Stalingrad du libéralisme » et dus à un phénomène nouveau: le basculement des classes moyennes dans la contestation radicale au côté des classes populaires en révolte depuis le traité de Maastricht (4). C’est toute la différence avec la situation de 1995 époque où nous dit Todd «les classes supérieures contrôlaient encore les classes moyennes. Ces dernières croyaient volontiers à la pensée libérale, européenne.» Ce sont donc maintenant 80 % des Français qui sont en insurrection latente ou déclarée contre la classe dirigeante et ses clientèle, or «c’est un fait crucial. L’idée dérivée du marxisme selon laquelle l’Histoire est faite par le prolétariat est fausse. La Révolution française, la révolution russe et même le nazisme se sont joués dans les classes moyennes.»
Cependant, Todd ne croient pas à une révolution imminente, mais plutôt à une dissidence, à une coupure encore plus prononcée entre l’élite et le peuple: «Je n’ai pas en tête l’image de la Révolution je songe plutôt à ce moment de l’histoire de Rome où le peuple, la plèbe, à fait sécession et s’est retiré dans un quartier de la ville pour contester le pouvoir des patriciens. (…) Les gens d’en haut acceptent le libre-échange, car les inégalités ne sont pas graves quand on est du bon côté. Ces puissants sont confrontés à une population qui refuse leurs projets ou leur absence de projets. Si bien que les classes dirigeantes tentent d’empêcher que le désir de la population s’exprime à travers le vote. Elles tentent de neutraliser le suffrage universel. Les gens ont le sentiment que ce qui les intéresse, ce qu’ils souhaitent, est interdit de débat public. Le corps électoral est obligé de ruser avec une classe dirigeante qui n’en fait qu’à sa tête. Comme les électeurs voient que les politiques refusent d’agir, à chaque élection ils éconduisent le vainqueur précédent.»
Ce qui fait que, même s’il est tout sauf lepeniste, Emmanuel Todd ne peut que conclure que tout ce qu’il décrit va vers une montée de Jean-Marie Le Pen: «(il) existe la menace d’un triomphe du Front national. Au stade actuel, je prognostique un second tout entre le Parti socialiste et le Front national».
Ce cauchemar de la classe dirigeant est sans aucun doute le rêve des classes opprimées.
Lire Todd
Il est communément admis qu’Emmanuel Todd a joué un rôle certain dans la victoire de Jacques Chirac aux présidentielles de 1995 en lui soufflant la fameuse idée de la «fracture sociale». L’approche de nouvelles élections a conduit divers journaux à interroger notre homme sur sa vision de la situation actuelle. Il a ainsi donné des entretiens au "Point" (24/08/2006 - 1), à "La Revue" (n° 4, septembre 2006) et au "Parisien" (13/09/2006 - 2) qui sont particulièrement éclairants sur la situation politique de notre pays, et qui mériteraient d’être très largement relayés dans tous les milieux de l’opposition extraparlementaire, tant ils sont porteurs de potentialités en terme de stratégie politique.
Pour Todd, la classe dirigeante dans son ensemble est profondément coupée de la société française ce qui l’entraîne à commettre des erreurs stratégiques graves comme à s’imaginer que Sarkozy et Royal représentent aux yeux des électeurs deux aspects du renouveau de la vie politique (3)…
Comme Bertrand Renouvin le résume dans son éditorial du n° 884 de "Royaliste", écrit après une lecture de l’entretien que Todd a accordé à "La Revue", «les oligarques croient que la France est un pays en déclin et que les Français finiront par consentir pour survivre, aux sacrifices qu’impose la mondialisation. Ils jugent le peuple français incapable de comprendre les enjeux économiques et financiers. Ils pensent que la population salariée continuera d’accepter des conditions de travail de plus en plus dures parce qu’elle n’a qu’un seul choix: la pauvreté dans le chômage ou l’emploi a bas prix. Ces impressions sont confortées par des observations justes sur les rapports de force: absence de parti révolutionnaire capable de rendre espoir aux contestataires, échec de l’altermondialisme, mollesse des directions syndicales… Les séismes de ces dernières années ne seraient donc que des accidents fâcheux (le Non au référendum ou le CPE) ou utiles (le vote Le Pen en 2002, les émeutes de novembre dernier) dans la mesure où ils entretiennent des peurs qui sont le commencement de la sagesse.»
Or il n’en est rien et Emmanuel Todd relève que le 21 avril 2002, le Non au référendum ou l’échec du CPE, constituent une série de faits marquants assimilables à un «Stalingrad du libéralisme » et dus à un phénomène nouveau: le basculement des classes moyennes dans la contestation radicale au côté des classes populaires en révolte depuis le traité de Maastricht (4). C’est toute la différence avec la situation de 1995 époque où nous dit Todd «les classes supérieures contrôlaient encore les classes moyennes. Ces dernières croyaient volontiers à la pensée libérale, européenne.» Ce sont donc maintenant 80 % des Français qui sont en insurrection latente ou déclarée contre la classe dirigeante et ses clientèle, or «c’est un fait crucial. L’idée dérivée du marxisme selon laquelle l’Histoire est faite par le prolétariat est fausse. La Révolution française, la révolution russe et même le nazisme se sont joués dans les classes moyennes.»
Cependant, Todd ne croient pas à une révolution imminente, mais plutôt à une dissidence, à une coupure encore plus prononcée entre l’élite et le peuple: «Je n’ai pas en tête l’image de la Révolution je songe plutôt à ce moment de l’histoire de Rome où le peuple, la plèbe, à fait sécession et s’est retiré dans un quartier de la ville pour contester le pouvoir des patriciens. (…) Les gens d’en haut acceptent le libre-échange, car les inégalités ne sont pas graves quand on est du bon côté. Ces puissants sont confrontés à une population qui refuse leurs projets ou leur absence de projets. Si bien que les classes dirigeantes tentent d’empêcher que le désir de la population s’exprime à travers le vote. Elles tentent de neutraliser le suffrage universel. Les gens ont le sentiment que ce qui les intéresse, ce qu’ils souhaitent, est interdit de débat public. Le corps électoral est obligé de ruser avec une classe dirigeante qui n’en fait qu’à sa tête. Comme les électeurs voient que les politiques refusent d’agir, à chaque élection ils éconduisent le vainqueur précédent.»
Ce qui fait que, même s’il est tout sauf lepeniste, Emmanuel Todd ne peut que conclure que tout ce qu’il décrit va vers une montée de Jean-Marie Le Pen: «(il) existe la menace d’un triomphe du Front national. Au stade actuel, je prognostique un second tout entre le Parti socialiste et le Front national».
Ce cauchemar de la classe dirigeant est sans aucun doute le rêve des classes opprimées.
Notes
1 – Extraits:
«A partir du milieu des années 80, les classes supérieures refusaient de constater que les milieux populaires avaient un problème avec les immigrés, avec le statut de la femme maghrébine. A l’époque, le discours des élites était optimiste, multiculturaliste, méprisant envers les classes inférieures. Aujourd’hui, les gens sont moins intéressés par l’immigration que par le chômage et les problèmes économiques, mais la droite ranime la thématique de l’immigration. Alors que ce n’est plus ce que les classes populaires ont prioritairement à l’esprit, les classes supérieures cherchent désormais des boucs émissaires. J’ai d’ailleurs le sentiment qu’est en train de s’opérer un renversement du même ordre pour la thématique sécuritaire.
Il y a une dizaine d’années, les classes privilégiées ne voulaient pas parler du problème de la sécurité dans les quartiers. Maintenant, alors que la société française voudrait entendre parler de modification des règles du jeu économique, elle n’a plus droit qu’à un discours sécuritaire, dont on constate pourtant à chaque élection qu’il ne paie pas électoralement.
L’impopularité actuelle de la droite est le résultat d’un programme sécuritaire. Mais il faut dire que, dans une société de plus en plus inégalitaire, les privilégiés vont vouloir jouir en toute sécurité de leurs richesses. La sécurité est peut-être en train de devenir l’obsession des gens d’en haut.»
«Les passions politiques des classes supérieures vont se loger dans des préoccupations sans rapport avec l’intérêt de la population, comme aujourd’hui la réintroduction des ours dans les Pyrénées. L’historien de l’année 2030 trouvera que c’était parfaitement secondaire. Non, j’exagère: l’un d’entre eux écrira une superbe thèse d’inspiration structuraliste sur la réintroduction des animaux prédateurs comme métaphore de la réapparition du capitalisme prédateur, quelque chose entre Barthes et Lénine.»
2 – Extraits:
«Les politiques s'interdisent de parler du principal problème qui concerne les gens: notre système économique. Or, le libre-échange, c'est ce qui produit un tiers-monde dans les pays développés et détruit notre industrie. Les politiques ne parlent que de choses qui n'intéressent pas les gens. Cela produit un immense désintérêt.»
«Derrière le mot «rupture» et le slogan de Sarkozy, «la France d'après», moi j'entends en fait «Après la France»... Sarkozy, en proposant aux Français d'aller encore plus loin dans l'ultralibéralisme, leur propose de «rompre» avec des choses auxquelles ils restent très attachés: l'hôpital public, l'école, la Sécurité sociale... Il se comporte comme s'il n'avait pas conscience de la solidité de ces valeurs de base de la vie sociale. A mes yeux, Sarkozy ferait un meilleur candidat pour un public d'Américains d'il y a vingt ans. (…) En fait, je ne crois pas que Sarkozy incarne vraiment les valeurs d'ordre et de sécurité traditionnelles de la droite. Avec lui, je trouve au contraire qu'on ne se sent pas en sécurité. Il montre une agitation incessante, un besoin de parler, de se montrer, de bouger, d'opérations coups de poing... Il véhicule l'image de l'homme politique qui est le plus proche des grands patrons et qui tape sur les plus vulnérables de la société.»
3 – In "Le Parisien:" «Emmanuel Todd: - L'époque est au repli sur soi. Il y a une perte de sens de l'action collective dans tous les domaines. Même les syndicats se décomposent. C'est dans ce genre de monde incertain que peuvent apparaître ces «fantômes politiques» comme Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, deux candidats du vide.
"Le Parisien" - Pourquoi des «fantômes»?
Emmanuel Todd: - Parce qu'ils n'incarnent plus rien. Les hommes politiques d'autrefois incarnaient des idéologies plus grandes qu'eux-mêmes. Maintenant, il n'y a plus rien à incarner. Et s'il n'y a plus rien à incarner, que va-t-on regarder chez les hommes politiques ? Leur visage, leur vie personnelle, leur style...»
4 – In "Le Parisien": «La réalité sociologique en France, ce sont les classes moyennes qui décrochent des classes dirigeantes. Cela s'explique à mon avis par un emballement dramatique du coût du logement, qui est aujourd'hui une forme déguisée d'inflation.»
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