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quinta-feira, maio 17, 2007

Le pourquoi du recul de Jean-Marie Le Pen 

(um artigo de Lionel Placet)

Le résultat de Jean-Marie Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle n’a pas été ce que nous étions nombreux à espérer. Nous n’avons pas connu un nouveau 21 avril et le leader du Front national a du se contenter d’être le bon dernier d’une nouvelle et inédite « bande des quatre ».
Il importe d’analyser ce résultat décevant, mais encore faut-il le faire avec intelligence et sens politique…
Dès le lendemain du premier tour, les graphomanes de l’extrême-droite la plus hostile à l’actuelle orientation du Front national s’en sont donné à cœur joie et les critiques, plus ou moins argumentées, plus ou moins bien rédigées, mais toujours étrangement similaires - comme si elles recopiaient toutes un dossier d’origine - ont été publiées à tire-larigot tant dans la presse de la mouvance ringarde et nationale-sioniste que sur ses sites internets.
Le résumé le plus clair de ces critiques se trouve, sans conteste, sous la plume de Robert Spieler qui, dans un texte intitulé « Les cinq raisons de l’échec de Le Pen », estime que le score du 22 avril s’explique par 1- l’absurde positionnement « républicain », 2 - la stratégie suicidaire de la recherche de voix chez les immigrés, 3 – l’hostilité de Marine Le Pen vis-à-vis du régionalisme, 4 - l’insincérité de l’Union patriotique et 5 - l’état lamentable du FN.
Si l’on excepte le dernier point, il saute aux yeux que les raisons qu’invoque Robert Spieler, si elles peuvent permettre de comprendre des réticences et des refus de vote au sein du « ghetto national » - c’est-à-dire dans un milieu réduit qui ne doit pas dépasser quelques milliers de personnes -, ne peuvent nullement expliquer le recul de JMLP.
En effet, les électeurs populaires, qui forment le socle électoral du FN, ne sont pas accessibles aux quatre premières raisons. S’ils l’avaient été, ceux-ci se seraient précipités chez l’agité du bocage – régionaliste à l’ancienne, peu républicain et très anti-immigré - ou ils se seraient abstenus, mais ils n’auraient pas accordé leurs voix à Sarko qui était encore plus républicain que Le Pen, moins régionaliste et dont la drague des voix immigrées était bien plus ostensibles.
Comme très souvent à l’extrême-droite, Robert Spieler confond les réactions du ghetto dans lequel il vit avec celle du peuple français et semble tout ignorer des études de sociologie politique dont elle est l’objet (1)…
Que la relative mauvaise organisation du FN - que Spieler dramatise en un «état lamentable » - ait pu jouer à la marge, cela n’est pas totalement exclu. Mais le temps des partis militants est en grande partie passé. Le FN a fait une bonne campagne télévisée, il a touché ainsi la totalité des foyers et des électeurs. Quelques affiches en plus, quelques tractages en sus, cela n’aurait pas fait de mal, mais cela n’aurait guère amené d’électeurs en plus, beaucoup moins d’1 %… Là encore donc, l’explication n’explique rien.
Malheureusement, au Paquebot, les analyses n’ont été guère plus convaincantes. «C’est la victoire des idées de Jean-Marie Le Pen», a expliqué Marine Le Pen, en ajoutant qu’en votant pour M. Sarkozy, «les Français ont préféré l’apparence du changement au vrai changement». En disant cela, il semble qu’elle confond lepenisation et sarkozysation… En fait, avec Sarko, la droite redevient tout simplement de droite et son libéralisme se vêt des mêmes habits que Thacher ou Bush. Sont-ce bien là les idées de JMLP ? On peut en douter. En tous les cas ce ne sont pas nos idées…
Par ailleurs, une telle affirmation revient à penser que les opinions des électeurs sont immuables, or il faut se souvenir d’un ancien sondage qui montrait la porosité des électorat d’Arlette et de Jean-Marie, malgré leurs idées bien dissemblables…Qu’une partie des électeurs lepenistes l’ait quittée pour le nain hongrois est un fait, mais pour quelles raisons l’ont-il fait ? Et combien d’électeur lepenistes ont voté pour Bayrou intelligemment positionné à la fois « hors système » et « contre système » et somme toute plus crédible que Le Pen ne l’était ?… (2)
En fait, l’explication la plus intelligente et la plus lucide, c’est dans les colonnes du Réseau Voltaire que nous la trouvons.
Son analyste y affirme: «En sélectionnant les candidats des deux principaux partis de gouvernement pour participer au deuxième tour de l’élection présidentielle, les Français semblent avoir contredit leur vote précédent. Mais à y regarder de plus près, ils n’ont pas changé de conviction, uniquement de manière de défendre leurs intérêts. » et de constater que « Les trois familles contestataires régressent (…) — dans des proportions absolument identiques —: les post-colonialistes (FN), les altermondialistes (néo-PC/Verts/Bové) et les trotskistes (LCR, LO, PT) perdent chacun 28 à 29 % de leurs voix de 2002.»
Il précise ensuite: «Cette réalité étant établie, il est illusoire d’interpréter ces échecs en fonction de critères internes à ces partis. Ce serait confondre les causes et les conséquences. La personnalité des candidats, leur stratégie de campagne, les conflits au sein de leurs partis expliquent pourquoi certains reculent plus que d’autres à l’intérieur d’une même famille, mais aucunement pourquoi leur famille recule. En définitive, même si les électeurs partagent nombre de critiques formulées par ces familles politiques, et même s’ils conservent un attachement affectif avec elles, ils ne leur font pas confiance pour améliorer leur vie. Ces familles incarnent des perceptions du monde, des sensibilités, pas des conceptions du monde, ni même des utopies. » Ainsi, selon lui, pour le FN : « Malgré l’abandon du discours raciste, pour lequel il avait été sanctionné au second tour de 2002, et le recrutement de nouveaux cadres, le Front national ne parait toujours pas capable d’exercer efficacement le pouvoir. Au point que la presse dominante s’est plut à s’interroger sur la volonté de Jean-Marie Le Pen d’être élu. Dans ce contexte, le Front national fait les frais du délitement de son appareil militant. Ses cadres ultra-catholiques sont partis au MPF, drainant avec eux 800 000 voix vers Philippe de Villiers. Les électeurs racistes ont trouvé en Nicolas Sarkozy un leader beaucoup plus honorable pour respectabiliser leurs idées. Les classes moyennes protestataires ont trouvé en François Bayrou une personnalité capable de débloquer le système sans le casser.»
L’analyste du Réseau Voltaire souligne par ailleurs que «dans ce contexte, la droitisation de la société française se poursuit. En 2002, l’effondrement de la gauche avait été bien plus important que celui de la droite. En 2007, le redressement de la gauche est bien plus faible que celui de la droite. Ce phénomène ne semble pas corrélé aux évolutions socio-économiques, qu’il s’agisse de la persistance du chômage ou de l’accroissement des inégalités. Les études qualitatives le relient exclusivement aux questions d’autorité, principalement la répression de la délinquance, mais aussi la faiblesse chronique du pouvoir qui l’empêche d’adapter le système de protection sociale à la réalité contemporaine, au risque de le voir péricliter. La demande d’ordre n’est pas vécue comme opposée aux droits sociaux, mais comme nécessaire à leur adaptation.»
Mais cette droitisation de la société n’a pas profité au FN. Pourquoi ? A cause du « vote utile ». En, effet, si ce vote utile a bien joué « contrairement à ce que l’on pouvait prévoir, il n’a pas profité aux quatre candidats en capacité de parvenir au second tour, mais uniquement aux trois candidats susceptibles d’exercer le pouvoir. L’expérience de 2002 a en effet montré que l’opposition à M. Le Pen est si profondément ancrée que tous les autres partis sont prêts à lui faire barrage, y compris en appelant à voter pour son challenger quel qu’il soit.»
Tout ceci étant écrit, l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence ressemble à un gigantesque quiproquo: c’est le vote d’une grande partie des employés, des ouvriers et des classes moyennes déclassées, reléguées loin des grands centres urbains, de leur dynamisme économique et culturel, qui a permis à Sarkozy de passer la barre des 30% au premier tour et de triompher au second. Paradoxe : si le candidat néo-libéral a été élu président, c’est grâce aux classes populaires. Or ces électeurs n’ont aucunement approuvé le programme économique de Nicolas Sarkozy. Bien au contraire, ils lui ont demandé d’user de son autorité pour sauver les acquis sociaux dus à la gauche.
Si ces électeurs ont choisi Sarkozy pour la répression de la délinquance, ils espéraient aussi le maintien du système de protection sociale, et ils n’ont pas cru que l’entourage de Nicolas Sarkozy le laisserait détruire l’héritage gaulliste en matière d’institutions et d’indépendance nationale.
Au niveau de la délinquance, il est peu vraisemblable que Nicolas Sarkozy réussisse mieux à la contrôler comme président que comme ministre de l’Intérieur. Du moins s’il le tente, il ne s’en occupera pas, au delà des effets de manche, d’une manière « républicaine ». Ne voulant en aucun cas provoquer un conflit ouvert et frontal avec « les quartiers », il tentera plus probablement de les acheter en leur distribuant des gratifications symboliques, matérielles, voire pécuniaires. Cela car, disposant désormais d’un contrôle quasi-total sur l’appareil d’Etat, Nicolas Sarkozy peut espérer enclencher un vaste processus de clientélisation de la société française et, en particulier, des classes populaires et des classes moyennes.
Gageons que d’ici quelques semaines, sinon quelques mois, Nicolas Sarkozy aura su s’entourer de conseillers pro-américains et pro-israéliens en politique étrangère, de «musulmans de service» pour les immigrés maghrébins ordinaires, de Beurs et de Beurettes largement subventionnés pour la gestion des quartiers dits «difficiles», d’intellectuels de cour pour louer les bienfaits de sa politique culturelle, et de syndicalistes très coopératifs pour légitimer sa «politique sociale» très libérale.
Mais quand rien ne change, le peuple finit bien par s’en rendre compte et la déception populaire ne devrait pas tarder à poindre. Celle des milieux populaires délaissés encore un peu plus au profit «des quartiers» et victimes des effets d’une libéralisation croissante. Celle des patriotes et souverainistes qui assisteront impuissant à un alignement de la France sur les USA. Etc.
Un boulevard s’ouvrira alors devant les opposants à Nicolas Sarkozy. Profitera-t-il alors à la gauche ou au mouvement national-populaire? ;telle est la question… En tous les cas on peut être certain que celui-ci n’en profitera que s’il sait, dans l’entre-deux, se réorganiser et se déblaireautiser. Le peut-il? Cela est une autre histoire…

notes:
1 – Par exemple, Patrick Lehingue dans «L’objectivation statistique d’un électorat: que savons-nous des électeurs du Front national?», in Collectif, La Politisation, Belin, 2003, pp. 247-278, montre clairement que la lutte contre l’immigration n’est absolument pas le déterminant majeur des électeurs du FN. Si ceux-ci votent pour le parti de JMLP, c’est par un « sentiment de marginalisation sociale » et non pas par hostilité à l’islam ou aux immigrés et encore moins par racisme ou haine de l’autre.
2 – En fait, toujours selon Patrick Lehingue, le vote FN est un des plus volatile et « les électeurs qui lui sont restés fidèles n’excèdent pas 3 % du corps électoral inscrit. » Les autres électeurs votent au coup par coup pour Le Pen ou un de ses adversaires, cela au point qu’on estime que presque 25 % des français en âge de le faire ont déjà voté une fois pour le FN.

1 Comentários
Comments:
Creio que a grande força de contestação ao regime francês reside nas "unidades etno-culturais" (Bretanha, Occitania, Flandres, Alsacia, Córsega, Saboia, etc), e estas não se sentem defendidas, menos ainda representadas.
O fenómeno "regionalização" não foi compreendido pelo "FN" e muito me temo que em breve seja "ocupado" pelos marxistas como, infelizmente, sucedeu (e sucede) em Espanha.
O nacionalismo do século XXI não é (na forma e no conteúdo) o mesmo dos anos 20 do século passado, tal como esse não era o mesmo do século XIX.
É importante uma leitura actualizada dos dados sociológicos e compreender que o nacionalismo é uma expressão cultural das nações (como unidades etno-culturais) e não dos paises (como formação politica centralizadora).
Insisto que o conceito de "nação" (como unidade etno-cultural) não é sinónimo de "independentismos utópicos", mas sim de consciencialização cultural.
Assumindo a realidade cultural das nações que o constituem, um País pode permanecer como razão de coesão politica, sem os centralismos dos Valois, Robespierre ou Napoleão.
Obviamente que não pretendo possuir a verdade, mas tão somente lançar os dados para uma análise ponderada.
"Anerrifthô Kubos" !
 
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